"C'est vraiment là ?" [ft Arizona]

Première chose qu'Halsey fit ce matin-là : soupirer, emparée d'un sentiment de haine. Son heure de réveil était arrivée bien trop tôt, et la couche-tard qu'elle avait l'habitude d'être fut bien déçue à l'idée de ne plus pouvoir se réveiller en pleine après-midi après une nuit passée éveillée. Elle eut d'autant plus un réveil difficile puisqu'elle n'eut pas vraiment le temps de se préparer : c'était décoiffée avec de grosses cernes qu'elle était sur son siège. Elle était silencieuse. Pour elle, le silence signifiait beaucoup. De plus, elle n'aimait pas vraiment les voyages en voiture, lorsqu'il y avait un toit en particulier. Même en marchant, elle se serait sentie plus confortable que dans cette situation. Mais de toute façon, personne ici ne chercherait à faire en sorte que le confort soit optimal, et même avant d'être à destination, elle le comprenait parfaitement. Après tout, c'était un camp pour délinquantes.

On la fit "enfin" sortir de la voiture cabossée, qui au passage donnait un avant-goût des conditions de vie ici, et elle ne lâchait toujours pas un mot, lançant des regards noirs à chaque personne qu'elle avait l'occasion de voir. Elle commença à contempler... C'était ici. Le camp Descartes. Ici ? "C'est vraiment là ? Dites moi que c'est une blague... un poisson d'avril, très en retard..." pensa-t-elle, se mordant la lèvre inférieure. C'était pire que ce qu'elle pensait, en fait. Et ayant pris connaissance de quelques règles auparavant, elle sentait déjà les moments ennuyeux venir. Elle prit une grande inspiration, et ouvrit enfin la bouche.

- Il date de quand ce camp ?
- En quoi est-ce vos affaires ?

Ses bagages furent déposés au sol et elle n'obtint finalement pas de réponse à sa question. Elle restait sur sa faim.

Arizona n'avait pas plus dormi que sa petite sœur cette nuit-là, se coucher tard était devenu une habitude pour elles deux. Cependant, l'aînée avait un peu moins de mal avec le manque de sommeil, et c'est donc pleine d'énergie comme à son habitude, qu'elle s'était levée.

Étant consciente qu'elle n'en aurait certainement pas l'occasion avant quelques temps, elle avait bien pris le temps de se lisser les cheveux et de se maquiller les yeux. Elle avait par contre laissé tomber l'idée de mettre ses vêtements préférés, optant même pour certains qu'elle ne mettait quasiment jamais, puisque de toutes façons, ils lui seraient "confisqués" à son arrivée là-bas. Elle avait également abandonné à regret son téléphone, mais elle préférait le savoir chez elle qu'elle ne savait où dans ce Camp qui ne l'inspirait déjà pas beaucoup.

Suite à cela, la jeune fille était donc montée dans cette voiture peu confortable aux côtés d'Halsey. Elles n'avaient échangé aucune parole durant tout le trajet. Haskins connaissait assez sa sœur pour savoir ce que ce silence signifiait pour elle. Elle n'avait donc pas bronché, se contentant de regarder le paysage défiler sous ses yeux, lui rappelant qu'elle s'éloignait de plus en plus de ce qu'elle avait toujours connu pour un endroit qui ne lui disait rien de bon.

Enfin arrivée, Aria ne posa aucune question, laissant ce soin à sa cadette. Elle détailla du regard l'établissement dans lequel elle allait vivre durant un temps encore indéfini. Il était clair que c'était loin d'être accueillant, mais elle se força à positiver : elles seraient certainement mieux ici qu'en cellule.

Un homme en uniforme bleu foncé ne tarda pas à venir à leur rencontre, après avoir repoussé un groupe de filles qui semblaient très intéressée par l'arrivée des deux brunes.

« Arizona et Halsey Haskins je suppose ? Veuillez me suivre. »

Il ne rajouta rien d'autre, laissant planer le mystère sur ce qui allait leur arriver à présent. De taille moyenne, les cheveux coupés très courts, il avait une apparence tristement banale et affichait tout sauf un air accueillant. Il prit la direction de ce qui semblait être le bureau des entrées (et des sorties, si cela arrivait que l'on sorte d'ici un jour), et Arizona lui emboîta le pas sans faire d'histoires : elle savait que toute résistance aurait été ridiculement inutile.

Halsey observait le troupeau de filles autour d'elles. Qu'est-ce-qu'elles voulaient voir de spécial, au juste ? Curieuse, elle examina chacune d'elle. Elles avaient une très mauvaise mine : en plus de l'air méchant qu'elles portaient et de leurs sourcils froncés, elles étaient complètement délaissées. Dans ce camp bien trop autoritaire, il n'y avait carrément rien à disposition pour s'épiler, puisque c'était jugé dangereux. Qu'est-ce-qu'on ferait avec ? Attaquer un de ces hommes pour qu'ensuite les autres nous sanctionnent comme si on était des gamines ? Non merci. Par la suite, un homme habillé d'un uniforme bleu - bien mieux que le nôtre - vint vers les Haskins. Il avait littéralement repoussé sans se gêner chaque fille se trouvant sur son passage. Il prit alors la parole, à l'attention des deux brunes.

- Arizona et Halsey Haskins je suppose ? Veuillez me suivre.

Halsey roula immédiatement des yeux. C'était signe qu'elle ne l'appréciait déjà pas. Il avait l'air strict, mais elle s'en fichait. Elle n'était pas là pour parler à ces hommes-là, après tout. Voyant Arizona obéir rapidement, elle se dit qu'il fallait faire de même. Un retour n'était pas vraiment possible, après tout. Elles arrivèrent donc dans une sorte de bureau des entrées, où se tenait un autre de ces hommes en uniforme bleu derrière une sorte de comptoir avec une vitre, et une fente au milieu.

On dirait une billetterie de cinéma, pensa Halsey. Ridicule.

De son côté, Arizona s'imaginait plutôt que ces filles tentaient de savoir à qui elles auraient affaire, de deviner quel genre de délits avaient commis les deux sœurs. Surtout qu'il ne devait pas être très courant que deux détenues arrivent dans la même voiture.

La jeune fille remarqua également le triste état de la pilosité de certaines. Évidemment, les rasoirs étaient interdits, mais c'était tout à fait compréhensible. Dans ce Camp, les envies suicidaires ne devaient pas manquer.

Certaines jeunes semblaient s'en tirer mieux que d'autres. Comme l'aînée des Haskins le pensait, il suffisait de connaître quelques techniques de base pour s'en tirer ici. Et le seul moyen de les apprendre était de se lier à une "ancienne".

Aria jeta un coup d’œil vers sa petite sœur. Cette dernière aurait certainement beaucoup plus de mal à s'adapter à cette nouvelle vie. Cependant, on ne lui laissa pas le temps de plus y réfléchir. Une femme d'assez petite taille, en uniforme bleu elle aussi, s'approcha des deux brunes.

« Je vais vous demander de me remettre tout vos effets personnels. Inutile de tenter d'en dissimuler sur vous, on les trouvera lors de votre visite médicale d'entrée. Vous passerez ensuite dans cette petite salle... » dit-elle en désignant un local à sa droite, où une détenue préparait déjà des uniformes pour les nouvelles venues. « Vous donnerez vos vêtements à Miller, qui vous procurera en échange vos uniformes. Aucun bijou ou autre ne sera toléré, confiez-nous tout. Pour finir, vous avancerez dans ce couloir... » expliqua-t-elle en indiquant sa gauche. « Et vous y patienterez jusqu'à ce qu'un Infirmier vienne vous chercher pour vous examiner. Des questions ? »

Arizona secoua négativement la tête. Ayant pris soin de ne rien apporter avec elle, contrairement à Halsey, elle s'avança vers la dénommée Miller pour se déshabiller (non sans gêne). Elle lui passa la tenue qu'elle venait d'enlever, qui fut placée dans un sac à linge puis dans un casier, et récupéra en échange un autre sac, contenant deux uniformes complets, deux serviettes de bain, une savonnette, un flacon de shampoing, une brosse à dents, du dentifrice et un peigne. La brune la remercia à mi-voix et partit attendre dans le couloir qu'on leur avait indiqué auparavant, toujours en sous-vêtements.

Halsey observait attentivement les alentours et les gens. Si elle devait rester là pendant longtemps, autant le faire bien et connaître un minimum les lieux et les visages. Les deux sœurs virent alors quelqu'un d'autre en uniforme bleu, mais cette fois-ci, il s'agissait d'une femme. Elle était plutôt petite et avait des cheveux mi-longs. Elle avait une expression indifférente et sévère sur son visage. Elle prit alors la parole :

- Je vais vous demander de me remettre tout vos effets personnels. Inutile de tenter d'en dissimuler sur vous, on les trouvera lors de votre visite médicale d'entrée. Vous passerez ensuite dans cette petite salle... à ces mots, elle pointait du doigt un local à sa droite, où quelqu'un était en train de préparer les uniformes qu'elles mettraient par la suite.

- Vous donnerez vos vêtements à Miller, qui vous procurera en échange vos uniformes. Aucun bijou ou autre ne sera toléré, confiez-nous tout. Pour finir, vous avancerez dans ce couloir... expliqua-t-elle alors qu'elle indiqua sa gauche. Et vous y patienterez jusqu'à ce qu'un Infirmier vienne vous chercher pour vous examiner. Des questions ?

Halsey soupira. Elle devina que n'importe quelle réplique serait réprimandée, puisqu'ici, elle n'avait pas beaucoup de droits. Penser au règlement intérieur la rendait d'autant plus ennuyée. Elle fit donc un "non" de la tête, au même moment que sa sœur. Cependant, elle dût sortir ses affaires. Elle avait plutôt peur pour son portable, puisqu'elle ne savait pas où il se trouverait. Elle l'éteignit bien sûr avant de le donner. Elle avait aussi des barrettes dans sa poche qu'elle donnait, mais ce n'était pas une "grand perte" à ses yeux : elle ira bien sans.

Elle alla alors dans le local de droite où se trouvait Miller et se déshabilla, voyant que sa sœur avait déjà commencé à le faire. Elle donna ses vêtements pour les échanger contre une petite sacoche avec une brosse à dents, du dentifrice et un peigne. Elle hocha la tête comme pour dire merci sans prononcer un mot et suivit sa sœur dans le couloir.

Elles avancèrent un peu et un Infirmier arriva enfin : il était reconnaissable puisque son uniforme n'était non pas bleu, mais blanc, et il avait un stéthoscope autour du cou. Il vit les deux brunes et les regarda toutes les deux.

- Laquelle en premier ?

Les deux sœurs n'avaient toujours pas échangé un seul mot, et Arizona maintenait sa décision de ne pas briser ce silence. Elle nota le fait qu'Halsey détaillait déjà du regard tout ce qu'elle voyait sur son passage. C'était bon signe : elle commençait à se faire à l'idée qu'elles devraient toutes deux passer un certain temps ici. Ensuite, tout dépendrait du comportement de chacune. Il était loin d'être impossible que l'une soit "libérée" avant l'autre. Aria devait bien avouer qu'elle s'inquiétait un peu pour sa cadette. Si elle ne s'attachait qu'à très peu de personnes, elle ne pouvait évidemment pas nier qu'elle aimait cette dernière. Et elle se sentait un peu responsable de ce qu'il lui arrivait : après tout, c'était elle l'aînée.

Elle ouvrait la bouche pour en parler enfin à Halsey lorsqu'un homme en uniforme blanc, égaillé par quelques touches de violet, sortit de l'une des quelques salles auxquelles semblait mener ce couloir froid. La plus âgée des deux brunes se leva alors directement, dans l'intention de découvrir ce qui les attendait derrières ces portes et d'ensuite pouvoir attendre sa sœur.

« Mh, très bien. » commenta l'infirmier. « Suivez-moi. »

La jeune fille lui emboîta le pas sans faire de commentaire, jetant un dernier coup d’œil à celle qui resterait attendre encore quelques temps, avant que l'on ne referme la porte derrière elle. On lui enjoignit de s'asseoir sur un fauteuil surélevé très inconfortable, et les examens commencèrent. Si l'on omettait de mentionner les prises de sang pour déceler toute trace de drogue ou d'alcool et les positions assez étranges qu'elle devait prendre afin que l'on vérifie qu'elle ne cachait rien dans on ne savait dans quelle partie de son corps, ces procédures ressemblaient en tous points à une visite médicale habituelle.

Au bout d'un temps qui lui parut interminable, on lui enjoignit d'enfiler l'un des uniformes qu'on lui avait donnés et de sortir par une porte différente de celle par laquelle elle était entrée, semblant mener directement dans le Camp.

« Attendez, je ne peux pas attendre ma sœur ? Laissez-moi retourner dans ce couloir pour entrer avec elle, s'il-vous-plaît ! »

« Désolée jeune fille, mais les ordres sont formels. Un Surveillant t'attend déjà pour te conduire à ta tente. De toutes façons, ta sœur n'est pas dans la même que toi. »

Arizona tenta bien de riposter puis de supplier, mais rien n'y fit. Il fallut presque la traîner de force en-dehors du petit bâtiment. C'était une belle entrée qu'elle faisait là. On l'avait déjà enlevée à tout ce qu'elle avait connu jusque là, et voilà qu'on lui retirait la seule chose qui lui restait.

« T'inquiète pas, brunie, tu vas la revoir, ta... Ashley, c'est ça ? » tenta l'homme en uniforme bleu qui lui tenait le bras d'une main ferme.

« Halsey. C'est Halsey. Et je suis châtain foncé. » cracha la jeune fille, tout en se laissant entraîner vers le haut grillage surmonté de barbelés. Elle jeta un dernier regard vers le bureau des entrées, et se redressa pour pénétrer dans l'enceinte du Camp. Tous les yeux étaient braqués sur elle.

Pendant que l'aînée se faisait examiner et se voyait remettre l'uniforme du camp, la cadette entendait vaguement leurs voix. Elle entendit notamment sa sœur hausser la voix et s'inquiéta. Elle colla donc son oreille à la porte et entendit à peine quelques mots : "Tente", "ta sœur", "pas", "même que toi"... et à ces mots, elle écarquilla les yeux. Avait-elle bien compris ? Elle ne serait pas dans la même tente qu'Aria ? S'il en était ainsi, elle comprit d'entrée de jeu que ce camp sera un cauchemar. Mais elles trouveront un moyen de se voir, c'était sûr, se rassurait-elle. Le médecin ouvrit donc la porte, après de longues minutes de discussion avec la grande sœur d'Halsey, et invita celle-ci à entrer. Sans un sourire ni un mot, elle franchit la porte.

Elle se fit donc examiner pendant de longues minutes, mais rien de douteux ne fut détecté. Après la procédure médicale ennuyante et trop longue pour ce que c'est, l'infirmier lui tendit l'uniforme. Elle le prit de manière brusque, mais l'infirmier ne dit rien à ce sujet-là. Elle l'enfila donc et fût invitée à sortir. C'était là qu'elle avait besoin de prendre la parole.

- Pourquoi je ne serais pas dans la même tente qu'Arizona ?

Il hésita quelques secondes, surpris qu'elle lui parlait.

- Tu écoutes les conversations des gens, c'est ça ?
- C'était fait exprès de nous séparer ?
- Pas de questions. Je n'ai rien à t'expliquer. Tu acceptes les règles. Rejoins ta tente.

Elle lui lança un regard de meurtrière avant de partir en serrant les poings très forts. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser cette situation telle qu'elle était. Les surveillants la regardaient tous étonnés, se demandant sûrement pourquoi elle avait l'air aussi agacée. L'un d'eux l'escorta jusque l'entrée du Camp, et elle vit sa sœur devant elle. Elle pria quand même pour que l'infirmier ait tort et qu'elles soient placées ensemble, mais elle n'avait plus beaucoup d'espoir. Elle s'apprêta à appeler sa sœur pour qu'elle se retourne, mais l'homme qui la tenait prit la parole.

- Viens, maintenant, et ne discute pas. Tu auras la tente qui te sera attribuée, pas une autre. C'est clair ?

Elle ne répondit pas. Elle roula des yeux et se laissa entraîner...

Alors qu'on l'entraînait vers une petite porte fermée à l'aide d'un cadenas et à peine distinguable du reste du grillage, Arizona entendit la voix de sa sœur, qu'elle connaissait si bien. Elle voulut se retourner, lui demander si elle allait bien, lui promettre qu'elles parviendraient à se voir malgré tout, mais la force avec laquelle la retenait son "guide" l'en empêcha. Elle se mordit violemment les lèvres, serrant les poings à s'en faire blanchir les phalanges. On allait les séparer. Et elles ne pourraient rien y faire. La jeune fille détestait par-dessus tout ce sentiment d'impuissance, qui la rendait d'autant plus furieuse.

Un Surveillant, posté de l'autre côté de l'entrée au Camp, leur ouvrit avec précautions, tandis que ses collègues s'échinaient à repousser les autres détenues qui se pressaient pour voir de plus près les nouvelles arrivantes. Celui qui s'occupait d'Aria n'eut pas l'air de s'en préoccuper et se contenta de la faire traverser une sorte de cour de terre circulaire, avant de la faire passer entre deux grandes tentes, pour enfin arriver à celles où dormaient les autres filles enfermées ici.

« On t'a affectée à la tente numéro un. » commença son "geôlier" tout en la faisant pénétrer dans ledit espace. « Ton lit est le numéro trois. Pose tes affaires, et débrouille-toi pour arriver à l'heure au déjeuner. Le règlement intérieur est affiché à l'entrée de chaque tente, je te conseille fortement de le lire, si tu veux savoir à quoi t'en tenir. » acheva-t-il avant de s'en aller sans plus de façons, la laissant là, pantelante, sans rien avoir pu dire par rapport à Halsey. Mais elle se fit une promesse : arranger cela au plus vite, afin de retrouver sa petite sœur et de ne plus la quitter jusqu'à ce que l'une d'elles puissent partir de cet endroit et ne jamais y revenir.

Spoiler:

Halsey était contrainte à ne pas s'arrêter à avancer et à ne pas parler, bien qu'elle en avait vraiment envie. Elle était tenue, surveillée, avait des restrictions : tout ce qu'elle n'aimait pas était en un seul lieu. C'était décidé, elle haïrait ce camp.

Elle se fit conduire dans le même chemin que sa sœur au début, alors elle eut une lueur d'espoir. Mais la déception fut grande lorsqu'elle tourna et son aînée continua tout droit. Le Surveillant qui tenait le bras d'Halsey lui adressa la parole.

- Tu seras dans la tente numéro deux. Et ton lit c'est le deuxième. Pose tes affaires et va ensuite déjeuner. Si tu ne viens pas à l'heure, tu seras sanctionnée, tu n'as pas vraiment le choix.

A son habitude, elle roula des yeux et soupira. Elle écoutait à moitié : en fait, elle entendait ce qu'il disait, mais elle n'y prêtait aucune attention particulière. Elle pensait déjà à des moyens pour revoir sa sœur autant qu'elle pouvait : elle était tout ce qu'elle avait et les personnes d'ici pensaient pouvoir les séparer. Certainement une erreur : personne ne séparait les Haskins. En tout cas, c'est ce que Halsey s'était mis dans la tête.

Elle déposa donc son sac, ou plutôt elle le laissa tomber à terre, quand le Surveillant rentra à nouveau.

- Ah, au fait, le règlement intérieur est à l'entrée de la tente. Comme chaque tente, d'ailleurs. Tu devrais le lire, si tu veux éviter les problèmes.

Elle hocha la tête avec agacement, signe qu'elle voulait qu'il parte. Il le fit et elle donna un coup de pied dans son sac une fois seule. Il y avait d'autres sacs dans la tente, mais elles étaient déjà sûrement en route pour la cantine. Elle contempla le sol, la tête remplie de ses pensées, quelques minutes avant de sortir.

Une fois seule, Arizona eut tout le loisir de penser à sa petite sœur. Elle pouvait sans peine imaginer à quel point cette dernière pouvait déjà haïr ce camp. Elle savait comment elle fonctionnait. Tandis que la jeune fille s'échinait à voir les choses du bon côté et ainsi, à positiver, sa cadette avait tendance à se braquer directement, ce qui n'arrangeait pas les choses.

Nouvelle morsure de la lèvre inférieure. Aria se ressaisit et s'attela à la tâche plutôt rapide qu'était de ranger ses affaires. Vu le peu de choses qu'on lui avait laissé, elle eut vite terminé de ranger le petit coin qui lui avait été attribué. Un lit, une petite armoire, et quelques crochets en hauteur pour suspendre quelques vêtements ou autres. Rien de plus.

Ce côté rudimentaire ne dérangeait pas réellement l'aînée des Haskins, qui n'avait jamais apprécié les grands espaces. Sûrement par flemme de les parcourir. Elle remarqua enfin que sa tente paraissait bien vide, et les bruits qu'émettait son ventre vide lui rappelèrent bien rapidement qu'il était l'heure du déjeuner. Elle sortit donc de sa tente, et suivit sans trop réfléchir les quelques retardataires qui se pressaient vers le réfectoire.

Aria aperçut enfin Halsey, qui avançait aussi quelques pas derrière elle. Elle se stoppa net et se retourna pour l'attendre, un grand sourire de soulagement éclairant son visage. Finalement, elles ne seraient séparées sûrement que pour dormir. Sa joie en réalisant cela était si grande qu'elle lança un : « Halsey ! » en rebroussant chemin pour la rejoindre. Un surveillant qui passait par là lui jeta un regard noir, mais elle l'ignora magnifiquement. Elle avait retrouvé sa petite sœur, et c'était tout ce qui comptait à ce moment précis.

HRP:

Pendant qu'elle marchait tête baissée, elle entendit la voix qu'elle avait besoin d'entendre, celle de son aînée, Arizona. En entendant son nom prononcé par cette dernière, elle leva brusquement la tête en écarquillant les yeux et vit effectivement sa grande sœur debout devant elle. Elle s'était arrêtée, attendant qu'Halsey arrive à son niveau. La cadette trottina donc jusqu'à se retrouver aux côtés d'Aria, en lui rendant un grand sourire. Elle était tellement heureuse de retrouver Arizona qu'elle ne pouvait plus s'arrêter de sourire et la contempler.

– Aria ! J'ai la rage qu'on soit pas dans la même chambre !

Même si on pouvait percevoir une pointe de colère et de dégoût dans la voix d'Halsey, elle était toujours souriante, face à Arizona. Elle hocha la tête, signe qu'elles devraient continuer à avancer si elles voulaient avoir suffisamment de temps pour manger.

– C'est vraiment merdique comme endroit, quand même.

Elle avait prononcé ces mots en apercevant la cantine, qui n'avait pas l'air d'être grande, en sentant l'odeur d'une nourriture tout sauf appétissante. Elle espérait au moins que ce serait un minimum comestible, histoire de pouvoir survivre le temps qu'il faudra dans ce camp. Certes, le but n'était pas que les délinquantes envoyées ici se sentent à l'aise, confortablement installées avec de la bonne nourriture, mais s'il fallait les redresser, autant ne pas les habituer à être énervées et stressées à cause des conditions de vie, n'est-ce-pas ? En tout cas, c'est ce à quoi songeait Halsey. Elle n'avait d'ailleurs pas arrêté de s'imaginer la suite de ses aventures au camp, penser à ce qu'il se passerait si l'une des Haskins était autorisée à sortir mais pas l'autre. Il fallait l'avouer, pour une fois, la jeune fille était nerveuse.

La réaction de sa cadette lui fit chaud au cœur. Lorsqu'on ne la connaissait pas, on pouvait croire qu'Halsey était toujours froide, distante, impossible à atteindre et ce, de quelque manière que ce soit. Cependant, personne n'était aussi proche d'elle que sa grande sœur. Contrairement à d'autres, qui se disputaient sans arrêt, les deux jeunes Haskins avaient toujours été assez proches, malgré quelques petites querelles sans grande importance. Leur implication commune dans le réseau de stupéfiants qui les avait conduites ici n'avait fait que renforcer ce lien qui les liait l'une à l'autre. Le sourire de la plus âgée s'agrandit, tandis qu'elle approuvait :

« — M'en parle pas ! Heureusement qu'elles sont côte à côte, j'ai vraiment eu peur qu'on soit placées dans des services différents. »

L'agacement qu'elle put percevoir dans le ton d'Halsey amusa la brune, qui reprit sa marche lente en direction du réfectoire. Heureusement que quelques retardataires leurs montraient sans le savoir le chemin, car elles n'avaient pas vraiment eu le droit à une visite guidée dans les règles de l'art. Arizona, toujours optimiste, lança :

« — Je pense que ça aurait pu être pire. Imagine, on aurait été enfermées dans des cellules sans "colocataire", et on en serait sorties seulement pour prendre une douche, une fois par semaine ! »

Malgré les belles paroles qu'elle venait de prononcer, Aria ne put s'empêcher d'esquisser une petite grimace dégoûtée en approchant de la cantine en question. Le bâtiment ne payait pas de mine, mais, en plus, l'odeur était presque infâme. De quoi en décourager quelques-unes. Concernant la comestibilité des aliments qui s'y trouvaient, elle préférait ne pas se leurrer. Les filles présentes dans ce Camp étaient là car elles avaient commis un délit ou un crime, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'on leur serve des plats dignes d'un restaurant.

La jolie brune partageait les mêmes inquiétudes que sa petite sœur. Il allait vraiment falloir qu'elles se tiennent à carreaux, toutes les deux, afin de pouvoir sortir de cet endroit le plus rapidement possible, et surtout, ensemble. Et cela n'allait pas être chose facile, connaissant le caractère des deux jeunes.

» Absences d'Arizona.
» C'est loin d'être le dernier jour. [Arizona]